Avoirs gelés de la Russie vers l’Ukraine, est-ce possible ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le juin 26, 2023

Avoirs gelés de la Russie vers l’Ukraine, est-ce possible ?

Les chefs de gouvernement européens envisagent d’utiliser les avoirs russes gelés pour reconstruire l’Ukraine

Les chefs de gouvernement européens discutent de plans visant à utiliser les avoirs russes gelés pour soutenir la reconstruction de Ukraine et financer son armée. La proposition tourne autour de l’idée de réaffecter plus de 200 milliards d’euros d’actifs russes actuellement gelés dans l’Union européenne en raison des sanctions liées à leur implication dans la guerre en Ukraine. Cependant, la question demeure : ces actifs peuvent-ils être utilisés de cette manière sans conséquences importantes ?

Les avoirs russes gelés sont constitués de comptes bancaires et d’autres biens appartenant à des Russes et à des organisations soutenant la guerre en Ukraine. La majorité de ces actifs sont des dépôts de la banque centrale russe. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky soutient l’idée de confisquer ces avoirs, déclarant que « la Russie doit payer le prix fort de son agression ».

Complexités juridiques et conséquences potentielles

Bien que la proposition puisse susciter la sympathie en Europe, ce n’est pas un processus simple. Yvo Amar, avocat et expert en droit des sanctions, explique que l’expropriation n’est pas facile à mettre en œuvre. Cela n’est possible que si l’argent en question a été obtenu par le biais d’actes criminels. Le simple fait d’avoir des liens avec Poutine ou d’être impliqué dans la guerre ne constitue pas un motif suffisant pour saisir les avoirs.

De plus, l’utilisation de ces avoirs gelés pour soutenir la reconstruction de l’Ukraine comporte des risques potentiels. L’économiste Mathijs Bouman avertit qu’en utilisant ces fonds, l’Europe mettrait quelque chose en jeu. Les implications et les conséquences exactes de telles actions doivent être soigneusement examinées avant d’aller de l’avant.

Malgré les complexités, les dirigeants européens sont déterminés à trouver un moyen de profiter à l’Ukraine en utilisant ces avoirs gelés. Un groupe de travail a été créé pour explorer les possibilités, reconnaissant que la confiscation directe peut ne pas être réalisable. « Mais il existe d’autres possibilités », déclare Anders Ahnlid, le président suédois du groupe de travail.

L’approche belge et ses implications

L’annonce récente de la Belgique a attiré l’attention d’autres pays européens. Ils ont déclaré qu’au lieu de fournir des crédits directs à l’Ukraine, ils alloueraient une partie des revenus d’intérêts générés par les avoirs russes gelés. Par cette approche, la Belgique entend contribuer au soutien de l’Ukraine et venir en aide aux réfugiés ukrainiens à l’intérieur de ses frontières. Cette année seulement, la Belgique prévoit d’allouer 625 millions d’euros à ces efforts.

Cependant, l’approche de la Belgique n’est pas sans controverse. Koen Schoors, professeur d’économie à l’Université de Gand, souligne la position unique de la Belgique en raison d’Euroclear, un fournisseur de services financiers basé à Bruxelles, qui détient une part importante de l’argent russe gelé. Cela génère des revenus d’intérêts importants, que la Belgique peut affecter aux fins prévues. Néanmoins, la discussion sur la mesure dans laquelle les pays peuvent aller dans l’utilisation de ces actifs reste non résolue. On s’inquiète de la violation des droits de propriété et de l’ébranlement potentiel de la confiance dans l’euro.

Koen Schoors, professeur d’économie, prévient que des pays comme la Chine pourraient chercher des alternatives s’ils perçoivent une potentielle manipulation politique en matière financière.

Options potentielles pour l’utilisation des actifs russes

Au sein de l’Union européenne, deux options principales sont envisagées pour tirer parti des avoirs russes gelés. La première option consiste à imposer une taxe sur les revenus d’intérêts générés par ces actifs, à l’instar de l’approche belge. Cette taxe pourrait éventuellement être fixée à un taux plus élevé afin de maximiser les revenus de l’Ukraine. La deuxième option consiste pour les pays européens à investir eux-mêmes l’argent et à en allouer ensuite le produit à l’Ukraine.

En fin de compte, la décision sur la manière de procéder appartient aux dirigeants européens qui se réunissent la semaine prochaine. Le professeur Schoors souligne qu’il faut faire preuve de prudence pour éviter d’ébranler la confiance dans l’euro. Le risque potentiel que des pays, en particulier la Chine, réorientent leurs investissements financiers en raison de craintes de manipulation politique doit également être pris en compte.

Il reste incertain si une décision sera prise lors de la prochaine réunion. Cependant, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé qu’une proposition serait présentée avant les vacances d’été, soulignant l’importance de tenir les auteurs responsables de leurs actes.

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