Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le octobre 12, 2023
Table des matières
Crise des otages à Gaza : diplomatie ou sauvetage encore plus compliqué ?
Diplomatie ou sauvetage ? La crise des otages à Gaza est « extrêmement compliquée »
Le Hamas détient en otages environ 150 hommes, femmes, enfants et personnes âgées dans la bande de Gaza depuis samedi. « La situation est très préoccupante », déclare l’ancien ministre des Affaires étrangères Ben Bot. « Ce groupe d’otages est le plus grand atout du Hamas. »
Outre les Israéliens, le mouvement terroriste a également kidnappé des dizaines de personnes à l’étranger. Et tous ces pays font pression en coulisses sur le gouvernement de Jérusalem pour que leurs citoyens reviennent sains et saufs. « Le fait qu’un si grand nombre de nationalités soient impliquées rend la situation encore plus compliquée », poursuit Bot.
Comment sauver des dizaines de personnes qui pourraient servir de boucliers vivants dans une zone de guerre ? Les experts estiment qu’il est presque impossible de libérer autant de personnes dans une zone urbaine densément peuplée comme Gaza dans de telles circonstances, grâce à des opérations de sauvetage.
« Tout doit être bien »
« Une campagne militaire « normale » est plus évidente que de tenter de retrouver 150 personnes et de les ramener en un seul morceau », déclare Bob de Graaff, expert en renseignement et sécurité. « Pour de telles opérations chirurgicales en territoire ennemi, il faut que tout se passe bien, sinon on risque de faire encore plus de victimes. » D’autant plus que les combattants du Hamas et du Jihad islamique se préparent à des tentatives de sauvetage.
La meilleure option pour les otages est la négociation entre les belligérants, conviennent les deux experts. Mais ce scénario semble très lointain. Bot : « Le Hamas ne sait pas où céder et Israël cherche une approche ferme. »
Dans les coulisses
Il est impossible de dire si les ennemis sont en contact dans les coulisses à propos de la crise des otages. Cependant, l’ancien ministre Bot estime que les chances que cela se produise sont faibles. « Israël veut maintenant faire valoir clairement son point de vue et ne pas être accusé par la suite que des gâteaux sucrés étaient déjà préparés en secret. »
Le Hamas menace d’exécuter les otages un par un si Israël bombarde les civils de Gaza sans avertissement. Des séquences vidéo suggèrent qu’au moins quatre Israéliens kidnappés ont été tués peu de temps après avoir été pris en otage, rapporte le Washington Post.
Il existe une incertitude quant à la situation des autres personnes enlevées. Une exception est l’Allemande Shani Louk, qui a été placée inconsciente à l’arrière d’un camion après son enlèvement lors d’un festival de musique. Selon sa mère, la jeune femme est grièvement blessée dans un hôpital du nord de Gaza.
On ne sait pas exactement combien d’Israéliens et d’étrangers sont retenus en otages. Les estimations vont de 100 à 200. Outre les civils israéliens, il s’agit également de soldats. Ils sont détenus par diverses milices, dont la plus importante est le Hamas.
Des citoyens de treize autres pays sont portés disparus : les États-Unis, l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Autriche, la Russie, la Grande-Bretagne, la Chine, les Philippines, le Népal, la Thaïlande, le Brésil et le Mexique. Dans plusieurs cas, il a été établi que des personnes ont été enlevées dans ces pays.
Le Hamas a déclaré vouloir libérer tous les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes en échange des otages israéliens. Au total, environ 4 500 Palestiniens seraient en détention.
Ne laisse aucun homme derrière?
En 2011, Israël a libéré environ un millier de Palestiniens en échange d’un de ses propres soldats : Gilad Shalit. Mais les analystes ne pensent pas que les autorités israéliennes prendront une telle décision dans ce conflit. « La politique de « ne laisser aucun homme de côté » devient extrêmement difficile à mettre en œuvre, voire impossible, à une telle échelle », déclare De Graaff.
Le Qatar et la Turquie négocient avec le Hamas pour libérer les citoyens otages. C’est ce qu’ont déclaré aux médias internationaux des responsables anonymes des deux pays, qui agissent régulièrement en tant que médiateurs. Bot appelle cela un espoir pour les otages. « Seuls les pays islamiques peuvent entrer en contact direct avec les dirigeants du Hamas. » Une solution provisoire peut ainsi être possible, par exemple pour les étrangers détenus.
Dans la situation actuelle, aucun pays ne lancera seul une opération de sauvetage en Israël.
Bob de Graaff, expert en renseignement et sécurité
La Croix-Rouge est en contact avec le Hamas et Israël. L’organisation humanitaire propose de fournir une assistance médicale aux otages et de les aider à d’éventuelles libérations.
Une crise humanitaire fait rage dans la bande de Gaza, lourdement bombardée : l’aide d’urgence arrive à peine. Ce n’est que lorsque les otages seront libérés que Gaza retrouvera l’accès à l’électricité, à l’eau et au carburant, a déclaré aujourd’hui le ministre israélien de l’Energie.
Le temps presse pour les otages. Le gouvernement d’unité nationale israélien, formé hier, tente de trouver une issue à la crise des otages. « Il y a un débat féroce au sein du gouvernement sur ce qu’il faut faire et dans quelle mesure l’armée doit faire preuve de retenue à cause des otages », a déclaré l’analyste Tobias Borck du groupe de réflexion RUSI contre le site d’information Politico.
Augmenter la pression
Selon De Graaff, ancien professeur de terrorisme et de contre-terrorisme, une chose est sûre : « Aucun pays, y compris les États-Unis, ne lancera seul une opération de sauvetage dans la situation actuelle. La seule chose que les gouvernements peuvent faire pour leurs compatriotes est d’augmenter la pression sur le Hamas comme sur Israël.»
La question est de savoir jusqu’où la diplomatie peut aboutir si les deux parties s’en tiennent à leurs positions. Toutefois, selon l’ancien ministre Bot, l’influence des pressions étrangères ne doit pas être sous-estimée. « Plus les pays et les organisations feront preuve d’unité pour résoudre ce problème de manière constructive, mieux ce sera. »
Crise des otages à Gaza
Soyez le premier à commenter